La France dispose d’importantes ressources en géothermie profonde, une énergie renouvelable qui pourrait jouer un rôle clé dans la transition écologique du pays. En novembre 2024, une campagne d’acquisition de données géophysiques a été réalisée autour de l’étang de Berre, près de Marseille, afin d’évaluer son potentiel géothermique.
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Le synclinal de l’Arc : un synclinal prometteur ?
Après l’Île-de-France, c’est au tour de l’étang de Berre et de ses environs d’être explorés dans leurs profondeurs. Et pour cause : son sous-sol est un synclinal. Autrement dit, ses couches géologiques forment une sorte de cuvette où des ressources en eaux chaudes pourraient être présentes. Or, c’est là tout l’enjeu de la géothermie : utiliser la chaleur des eaux souterraines, dont la température augmente en moyenne de 30 degrés par kilomètre de profondeur, pour produire de la chaleur en surface.
Une exploration sur terre et sur l’étang de Berre
Du 1er au 17 novembre 2024, a eu lieu la campagne d’exploration Géoscan Arc, projet à l’initiative de l’ADEME et du Service géologique national (BRGM) et soutenu par la Région Sud, le Conseil départemental des Bouches-du-Rhône et la Métropole Aix-Marseille-Provence. Des données géophysiques ont été collectées sur 254 kilomètres à terre et 58 kilomètres en milieu aquatique sur une zone s’étalant sur 28 communes. « Nous réalisons une échographie de la terre, ce qui nous permet, avec les études géologiques de surface, de mieux comprendre le sous-sol » explique Alexandre Stopin, chef du projet Geoscan Arc au BRGM. Très concrètement, à terre, des camions vibreurs stationnent tous les 20 mètres le long d’un tracé prédéfini. Ils génèrent des ondes sonores en surface pendant moins d’une minute à des endroits précis afin d’enregistrer leurs échos et réaliser une cartographie du sous-sol.
Sur l’étang, c’est une barge (bateau à fond plat) qui s’est déplacée, remorquant une source acoustique, pour effectuer le même travail de cartographie. La réflexion des ondes était enregistrée par des capteurs temporairement positionnés au fond de l’étang.
Faire connaître la géothermie profonde
Alors que la géothermie se passe sous terre, invisible, cette campagne d’exploration s’est avérée un excellent moyen de faire connaître cette énergie renouvelable aux habitants et aux acteurs territoriaux. L’exploration a donné lieu à une vaste campagne de communication : « un des enjeux de cette campagne de communication, c’était notamment de faciliter le « permitting » », explique Fanny Branchu, chargée de communication et de sciences sociales au sein des équipes géothermiques du BRGM. En d’autres termes : l’obtention des autorisations des communes pour le passage des camions. « Embarquer les communes dans cette aventure, c’est une façon de les informer sur le potentiel géothermique de leur territoire. »
Des adaptations pour préserver la nature
Communiquer en amont du projet a aussi permis d’adapter la campagne aux spécificités du territoire. « Après des échanges avec les pêcheurs de l’étang de Berre, nous avons modifié la trajectoire initiale pour éviter les zostères, ces plantes marines qui tapissent une partie du fond de l’étang de Berre et constituent de hauts lieux de biodiversité. Nous avons également changé les dates d’intervention afin d’éviter les nuits de pleine lune, jugées particulièrement favorables pour la pêche à l’anguille », détaille Norbert Bommensatt.
Et demain ?
Des projets de réseaux de chaleur fonctionnant grâce à la géothermie sont déjà évoqués pour les zones d’Aix-en-Provence et l’aéroport de Marseille-Marignane, ils pourraient se substituer au gaz et au fioul utilisés actuellement. Toutefois, les premiers résultats de l’étude seront disponibles fin 2025 et les premiers travaux qui en résulteront ne démarreront pas avant deux ou trois ans. Ils dépendront de l’appropriation de ces données par les futurs porteurs de projet et des concertations qu’ils mèneront, au cas par cas, dans les territoires.